jeudi 21 juillet 2016

Anabois 2 : Suite pratique d'un MOOC

On l'a sans doute deviné en lisant Black & White
cette histoire de bois et de dés a une suite.
Il y a plus de vingt ans, le tout premier projet répondait à une accumulation, sans tenir compte des caractères des bois utilisés. Ce qui importait, c'était de constituer un échantillonnage. Bien vite pour rompre la monotonie j'avais changé l'orientation, j'avais utilisé des petits défauts, bref j'avais privilégié l'aspect artistique à la systématique.
Lorsque, à la fin de ce cours en ligne sur l'anatomie du bois, j'ai exhumé ces dés, j'ai constaté ce fait.
J'ai fait quelques brouillons de classement pour finir par décider de suivre le classement existant dans ce superbe ouvrage qu'est : Identification et classement des bois français de J. Venet.
L'édition date de 1987 et je crois que comme beaucoup d'autres choses le classement botanique est sujet à des modifications diversement justifiées. Je m'en tiendrai à celui ci.

Tout ne va pas venir d'un jet, c'est vaste et je dois tourner de nouveaux dés dans les essences oubliées et aussi pour remplacer ceux que je n'identifie pas ou qui ont été tournés un peu "poétiquement".
Très logiquement on va prendre la suite de Black & White où on est entré de plein pied dans les  Rosacées. Famille dans laquelle nous rencontrons les fruitiers de nos régions.
J'ai parlé du Prunellier, de son bois. Je l'ai situé parmi les pruniers (en gros) distincts des pommiers (en gros) mais pour être plus précis, les premiers ont un bois de printemps distinct (en principe) alors que les pommiers sont plus homogènes. On dira comme ça.

L'aubépine Crataegus monogyna
Cet arbre est classé avec les pommiers et pourtant sur l'échantillon, les accroissements sont bien nets
 - La zone initiale est parfois marquée par une ligne continue de vaisseaux tangents de même taille que ceux qui sont dispersés dans le cerne
 - Le bord externe de la zone finale est légèrement souligné par quelques couches de fibres à parois épaisses
 - La forme générale est parfois sinueuse (Crataegus) J.Venet.
c'est bien ça qu'on observe sur la photo du bas.
Ce bois est dur. Agréable au tour, il permet des détails. Malheureusement, il est appétissant pour les xylophages (et d'autres cousins le sont aussi, on en reparlera)


Le cotonéaster  Cotoneaster integerrimus (ou un cultivar) n'est pas présent dans le livre, et pour cause : ce n'est qu'un arbuste décoratif, un truc de jardinerie. Mais j'en ai dans mon jardin, et en semis naturel qui plus est. J'ai même utilisé un amalgame de racines dernièrement
J'en ai retrouvé un petit bout parmi mes ébauches, son nom était marqué et les vers l'ont épargné (ce qui n'était malheureusement pas le cas d'un amélanchier qui va suivre)
et, j'en ai tourné un dé
il répond bien aussi aux descriptions de J.Venet que je reprenais au sujet de l'aubépine
c'est un bois très, très dur mais qui se tourne admirablement. Il avait échappé à l'appétit des vers, sans doute était il quand même trop coriace... au choc il rendait un beau son clair.
Le bémol, c'est qu'on ne le trouve qu'en petites sections.


Le néflier  Mespilus germanica  lui est cité, mais en passant. Ce n'est pas un bois habituel de mes latitudes, il m' a été donné par madame Waffelaer.
Le cultivait elle en serre ? l'a t'elle ramené du Sud ? c'était seulement une branche qui ne m'a pas permis de travailler hors cœur
les portions qui restaient dans mes ébauches n'ont pas échappé aux gloutons... pourtant c'est le bois d'élection pour la fabrication du makhila.
Comme le dit J.Venet, la zone initiale est plus soulignée que chez ses cousins. Mais ma photo n'est pas de qualité.

edit :
Lorsque j'ai commencé cette petite synthèse des bois que j'ai rencontrés, j'avais inclus dans ma liste le cognassier.
Je pensais avoir dans le lot un dé en cognassier, mais à l'examen attentif, il s'est avéré que c'était un dé en néflier que j'avais déjà tourné. J'en avais donc tourné un second avec la branchette retrouvée.
Ne désirant pas faire de doublon, je n'en ai publié qu'un, mais j'ai du rayer de ma liste le cognassier. Pourtant, j'ai du cognassier qui pousse chez moi, donc, je comptais bien réparer ce manque à l'automne en nettoyant un peu le fouillis que ces arbustes créent.
 No need... Hier, Sabine m'a désigné un chicot qui subsistait d'un buisson que j'ai longtemps taillé avant qu'il ne soit submergé par, par ? je ne sais trop quoi dans la selva qui tente de nous étouffer (attention, je ne m'en plains pas trop)
... en conséquence, voilà :
le cognassier (du Japon) Chaenomeles japonica
je dois préciser parce que le cognassier normal ne pousse pas trop bien sous nos climats, mais je peux affirmer que le bois du japonica est très bien.
Les fruits aussi, j'en ai parlé dans une page sous le titre "au bon coing"
Mes maîtres en parlent peu :
Lieutaghi parle des fruits et au sujet du cousin le vrai cognassier (les bois se ressemblent) il dit seulement qu'il est lourd, dur et qu'il a servi à de menus ouvrages de tour. Il est aujourd'hui sans emploi (comme beaucoup d'autres)
Venet n'en dit mot
Beauverie  écrit en 1905 : COIGNASSIER COMMUN, Cydonia vulgaris, Gemeine Quitte, allem. ; the common Quince tree, angl.
Bois blanc, légèrement rougeâtre, d'un beau brun marron au cœur, taches médullaires interposées.
Densité élevée :1,062.
je tiens à citer encore Beauverie pour ce qui est des caractères communs des pommacées :
Ils sont durs, très homogènes,lourds, blancs ou rougeâtres, clairs, souvent flambés au cœur de rouge-brunâtre où brun-noirâtre, couleurs qu'il faut attribuer à un commencement d'altération. 
Aubier peu distinct, accroissements assez faciles à compter. 
Rayons égaux, nombreux, très minces; vaisseaux très fins, très nombreux; parfois un peu plus nombreux et gros vers le bois de printemps; au bord externe des accroissements se trouve une zone étroite où ils font défaut. Tissu fibreux homogène, très serré, à parois fortement épaissies,
avec un peu de parenchyme ligneux entremêlé, non visible à la loupe. [ p 855 du livre et 165 du pdf Gallica]

... me reste donc à courageusement parler du bois du dé que j'ai tourné
les rayons ligneux, visibles à l’œil nu ne sont pas si fins que ça, ils sont flexueux aussi mais cela est sans doute du à des modifications du tronc. Il y a sans doute eu frottements, blessure ? Conflit en tout cas car il ne s'agit pas d'un tronc mais d'une sorte de cépée et c'est le brin qui subsistait
Les modifications de couleur s’expliquent avec l'age, c'est une partie qui est ancienne
La photo n'est pas suffisamment claire pour parler des vaisseaux mais...ils ont l'ait très petits et diffusément répartis là où on peut les observer.
Tout ça respire le bois dense et dur.
Et de fait c'est ce qu'on ressent sous l'outil, c'est dur, mais gentiment dur, c'est agréable à tourner. 
Je suis cependant plus riche que je l'imagine... aussi j'édite cette section car (27 août)je viens de mettre la main sur un cylindre de cognassier auquel je fais confiance. Et pour cause, ce bois m'a été donné par Marguerite Verswijvel, elle et son mari étaient jardiniers dans un domaine de Dinant.
Voici cet exemplaire, ce n'est pas du cognassier du japon, c'est du cognassier Cydonia oblonga


pour rester dans le panier de fruits, j'ai retrouvé le poirier   Pyrus communis  un bois très estimé
celui ci a une tache (de parenchyme ?) à la limite d'un cerne. Ce doit être accidentel.
Vernet écrit : bois très homogène avec des fins vaisseaux... fins rayons ligneux donnant à la coupe transversale un aspect hachuré.
C'est bien ça

Un autre sujet (que j'aborde en suite du pommier sauvage),
c'est le poirier sauvage Pyrus pyraster,
celui que j'illustre pousse sur la bande calcaire de Calestienne et il a été vilainement mis à mal par le débroussaillage des bords de routes. J'en ai récupéré un peu.

Je souscrirais volontiers à l'ire de Lieutaghi lorsqu' il écrit :
Les méthodes agricoles modernes ne tolèrent pas la présence de ces gêneurs au milieu des champs ou des prés, et l'arasement progressif des  talus et des haies en maintes provinces porte un coup irrémédiable aux fruitiers à demi sauvages. Ce n'est jamais sans peine ni indignation que je vois de superbes poiriers déracinés par les machines attendant le pourrissement ou la tronçonneuse (ou pire encore la déchiqueteuse-broyeuse crachotant d'un côté ses copeaux et de l'autre son échappement huileux...)
Pour ce qui est du bois, il est terriblement proche du poirier domestique qui est illustré ci dessus.
Au sujet de ces bois, Mathieu écrivait (au XIX ème siècle déjà) :
Le bois du poirier a beaucoup d'analogie avec celui du pommier ; il est comme ce dernier, formé
d'accroissements irréguliers, peu circulaires et dépourvu de taches médullaires * ; il contient toutefois une plus grande proportion de tissu fibreux.
Il est très homogène, à fibres très fines, assez uniformément rouge, moins vivement coloré au cœur que le pommier. Il l'emporte en général sur ce dernier en compacité et en beauté, se travaille très aisément et dans toutes les directions, reçoit un beau poli.
Il pèse complètement desséché à l'air 0,707 à 0,839.

Après le buis et le sorbier domestique, le poirier fournit le bois le plus recherché pour la gravure sur bois. Il est employé avec avantage par les sculpteurs, tourneurs et ébénistes, par les fabricants d'instruments de musique, de mathématiques (règles, équerres). Il prend et conserve très bien la couleur noire et remplace souvent l'ébène.
Les fruits du poirier sauvage sont très acerbes ; on en fait une boisson alcoolique, le poiré qui a de l'analogie avec le cidre.
Beauverie reprend exactement ce jugement.
* de mon côté, je lui trouve pas mal de taches médullaires et ce serait même un caractère récurent. Le bois est clair fraichement exposé par l'outil, mais rapidement il fonce vers un brun rougeâtre chaud.


il en reste d'autres :
le cormier Sorbus domestica dont je ne possède encore aucun morceau. On en dit le plus grand bien,  le poirier en plus dur !
on verra...
édit : on va voir
Venet le reprend avec les autres "pommiers, poiriers etc..."
Je le cite :
Il existe entre ces bois d'incontestables similitudes
- Bois homogènes - la zone initiale est parfois marquée par une ligne continue de vaisseaux tangents, de même taille que ceux qui sont dispersés dans le reste du cerne.
Le bord externe de la zone initiale est légèrement souligné par quelques couches de fibres à parois épaisses

Rayons ligneux extrêmement fins, très difficiles à dénombrer, mais donnant à la section transversale un aspect strié

Tissu fibreux abondant formant parfois de petites plages tangentielles (en particulier chez Sorbus domestica)
Sorbus domestica : bois très lourd, duramen brun violacé, parfois clair, fonçant à l'air en s'oxydant, mailles plus foncées que le reste des tissus

Je confirme la grande dureté de ce bois (un peu comme le buis) très difficile à marquer au poinçon mais se tournant très bien.

Qu'écrit Lieutaghi à propos de ce bois ?
Le bois du cormier est l' un des plus remarquables de nos pays pour la dureté et l'homogénéité. Gris-brun à brun-rougeâtre assez foncé. Très compact, lourd (0.81 à 0.93 d'après Mathieu), il se coupe avec une parfaite netteté et prend un poli de marbre. Il résiste remarquablement bien aux frottements, à l'usure. Le cormier eut une grande importance aux temps où les machines artisanales et industrielles comportaient de nombreuses pièces en bois : vis (de pressoirs en particulier), dents d'engrenages, cames, glissières, poulies, navettes de cormier étaient les plus résistantes, les plus durables.
On en a fait des objets tournés très divers, des crosses de fusils, des manches de couteaux, des éléments de mécanisme de pianos. Les meilleurs patins de rabots et de varlopes sont en cormier.

Sans doute à compléter par Alisier torminal Sorbus torminalis ?

Je reprendrai la suite avec cette famille, je dois terminer un dé en amélanchier, un arbre qui n'est pas repris dans le livre, mais qui possède aussi un bois très dur qui se tourne agréablement
après lui, le sorbier des oiseleurs et le pommier on pourra continuer de voir les autres membres de la grande famille des Rosacées
et on retrouvera des pruniers. C'est un peu différent.

Following an online course on wood anatomy, I did explore a thimbles collection  I I did turn for twenty years.
some labels missing, I recognize some but for others ...
I decided to do a ranking here and I turn again those missing.
Extensive work.

A raíz de un curso en línea sobre anatomía de la madera, yo he explorado una colección de dedales he hecho  hacia  veinte años.
faltan algunas etiquetas, reconozco algunos, pero para otros ...
Me decidí a hacer una clasificación aquí y hare tornar los desaparecidos.
Mucho trabajo.

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